« Les gens protestent parce qu’il y a un vide »
Emmanuel Macron
« Ne perturbez pas les gens, mettez vous à table. »
Karl Kraus, Die Fackel, 1901
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(1) Sartre, 1945
La démocratie gagne et rassemble les siens
Macron est le champion de l’Empire du bien
Ne sifflez pas, regardez les
Des turbogédéons, des cyber franciliens
Les recettes sont vieilles, usées jusqu’à la corde
Les conflits sont finis, jamais plus de discorde
Ne sifflez pas, regardez les
Des milliers de nimbus sautillent à la concorde.
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Political bridge
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Cuba c’est du passé, admirez les marchants
L’esclavage est en vous, plus besoin de tyran.
Face à l’horrible bête, il a fait triompher
Les valeurs de la France et l’honneur des banquiers.
De quelle liberté, êtes-vous les héros ?
Pour quelle société levez-vous vos drapeaux ?
Insensibles au néant qui tapisse vos vœux.
Vous choisissez l’image, l’irréel et le creux.
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Pont musical / political bridge x2
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Dégagez les extrêmes, détournez-vous des cieux
En marche vers la bouillie, elle est juste au milieu
Ne sifflez pas, regardez les
Des milliers d’adaptés, autant de bienheureux
La démocratie gagne et rassemble les siens
Macron est le champion de l’Empire du bien
Cuba c’est du passé, admirez les marchants
L’esclavage est en vous, plus besoin de tyran.
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(1) Dans la novlangue politique, « en marche » est un jingle pour annoncer la prochaine saison. « A suivre… » marche aussi.
(2) Libération, 24 avril 2017. Pour faire barrage, n’oubliez pas de consulter le Lexique de lepénologie pour le second tour.
« Le réflexe d’internationalisme, que les spécialistes des coexistences pacifiques et des guérillas exotiques avaient prématurément enterré dans l’oubli ou dans les oraisons funèbres du stupide Régis Debray ».
Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations, 68
« Parce qu’il circule sur le réseau, à côté d’informations utiles, et faute de filtres, une infinité d’inepties, d’inexactitudes et de malveillances qui font brouillage, en sorte qu’une mise au clair et au net peut s’avérer utile. Car des deux choses qui menacent le monde, l’ordre et le désordre, la deuxième semble aujourd’hui la plus menaçante. »
Régis Debray, 2007
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(reprise septembre 2007)
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« « La société du spectacle » est de 67, comme le « Traité du savoir-vivre ». Cette critique en raison de la vie quotidienne n’est pas seulement superbe : elle constitue l’une des deux tentatives de pensée postmarxiste qui se soit fait connaître du public. Le bouleversant paradoxe étant qu’elle est construite avec des instruments pour l’essentiel prémarxiste. En gros : Vaneigem et Debord, c’est Feuerbach se retournant sur Marx. Que l’anachronisme ait pu atteindre à cette actualité, que Feuerbach puisse fonctionner après et contre le marxisme d’institution, voilà une question de fond dont je ne comprendrai jamais pourquoi elle ne tracasse pas plus les docteurs de la loi. Je m’étonne néanmoins que personne n’ait encore pensé à laisser deux chaises vides dans les débats et colloques sur l’air du temps, pour ces deux hommes sans visage et sans nom qui surplombent de haut la myriade de petits cousins qui les pillent depuis une décennie ». (1)
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« L’orthodoxie du jour a son bréviaire, La société du spectacle, et son pasteur trop tôt disparu Guy Debord. Le livre de chevet des pieds plats de l’an 2000 doit son prestige social à un trou de mémoire du gratin local. Les pros de la pub ont oublié qu’il s’agit là d’un remake, en style pseudo-nietzschéen, d’un canevas assez éculé, le fond de sauce de l’hypokhâgneux des années cinquante du siècle dernier, qui l’aidait à boucler n’importe quelle dissertation. »
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(1) Régis Debray, Nouvel Observateur, 13 juin 1977.
(2) Régis Debray, L’obscénité démocratique, Paris, Flammarion, 2007.
(3) B. Henri-Lévy, La barbarie à visage humain, Paris, Figures Grasset, 1977, p. 221.
(4) Café Voltaire, présentation des éditions, à lire en quatrième.
(5) Régis Debray, Nouvel Observateur, 13 juin, 1977.
(6) Régis Debray, L’obscénité démocratique, op. cit., p. 28.
(7) G. Debord, La société du spectacle, § 59.
(8) G. Debord, La société du spectacle, § 203.
(9) Internationale Situationniste, Numéro 10, Mars 1966.
(10) Internationale Situationniste, Numéro 9, Août 1964.
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« Parce qu’il circule sur le réseau, à côté d’informations utiles, et faute de filtres, une infinité d’inepties, d’inexactitudes et de malveillances qui font brouillage, en sorte qu’une mise au clair et au net peut s’avérer utile. Car des deux choses qui menacent le monde, l’ordre et le désordre, la deuxième semble aujourd’hui la plus menaçante. »
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(1) Jean Baudrillard, Le crime parfait, Paris, Galilée, 1995.
(2) Op. cit.
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Rien ne va plus, les jeux sont faits.
« Pour Frédéric Martel, l’avènement de Barack Obama restera comme « une date positive » de l’histoire contemporaine, une sorte de « 11-Septembre à l’envers ». » (1) Non. Distinguons deux choses : d’un côté, l’élection de Barack Obama, les larmes de Jesse Jackson, l’espoir de la minorité noire américaine ; de l’autre, une campagne de publicité planétaire, une promotion du « rêve américain » hissé, en une nuit satellitaire, au statut de modèle absolu pour tous les peuples de la terre. Un modèle économique moribond, une façon d’administrer le monde aberrante, une politique de guerre économique sans limites, tout cela relustré par l’image renaissante de Martin Luther King. Il fallait y penser.
Non pas qu’il y ait là quelques stratégies hautement cyniques (quoique…), non pas que tout ce grand circus de la rédemption états-uniennes soit une énième saison du grand nanar planétaire (déjà écrit de longue date). Non, l’affaire est beaucoup plus triviale : show must go on ! Et pour vendre le show, tout est bon y compris (et j’ose dire surtout) une des causes les moins contestables des revendications politiques du siècle : la reconnaissance des minorités ethniques dans ce pays continent. Dans le fond, on aimerait tous verser une larme authentique et suivre le bon principe de Robert Zemeckis : ne pas douter mais croire. Mais la décision est sans effet : nous n’y croyons plus. Il n’y aura pas de rédemption, pas de nouvelle ère mondiale d’un pacifisme enfin œcuménique. Ces niaiseries ne changeront pas la donne et la donne est viciée.
Plus la donne est viciée et plus il faut enrober le spectacle de ce jeu en trompe-l’œil de causes totales, absolues, indiscutables. Les ressorts de l’écologie sécuritaire, de la mise sous tutelle du politique par avalanche de mesures correctives ne diffèrent pas de ce qui fera advenir, dans le miracle d’une orgie planétaire de symboles à haut pouvoir de fascination (tous plus puissants les uns que les autres), la nécessité d’une nouvelle pax America. Pour quelle raison supérieure faudrait-il se mettre à croire au « rêve américain« , cette idée nuisible de somnambule ? En définitive, le choix est simple : soit le rêve avec Robert Zemeckis, soit le réveil un lendemain de cuite patriotique. « Un 11-septembre à l’envers » et un valium.
(1) Le Monde, 5/11/08, « Un 11 septembre à l’envers ».
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