L’âge de la maturité politique et de la confiance

L’âge de la maturité politique et de la confiance

  • Nous demandons une transparence de la vie publique. Non pas sur un modèle puritain qui n’est pas notre tradition de pensée, étranger à notre culture, mais pour entrer enfin, en France, dans un âge de maturité de la vie politique. Nous constatons, depuis quelques années, des pratiques d’un autre âge, une relation paternaliste et infantilisante aux citoyens, un mépris affiché pour des demandes démocratiques. Les français ne veulent ni d’un monarque, encore moins d’un roitelet de pacotille. Ils ne veulent ni le chaos, ni la trique permanente. Ils demandent à être respectés quand ils manifestent et expriment un désaccord politique dans l’espace public. Ils demandent à être entendus quand on les consulte sur des réformes essentielles pour l’avenir de la République. On ne saurait gouverner un peuple avec des éléments de langage et des effets de communication à peine suffisants pour vendre un paquet de biscuits. Si le niveau syntaxique baisse, il n’est pas certain que la prise de conscience des citoyens français suive la même pente que leur maîtrise de l’orthographe. Internet donne aujourd’hui des moyens inédits de s’informer, de faire le tri, de pouvoir se situer. Là encore, les pouvoirs publics sont à la traîne lorsqu’ils mettent en place d’illusoires dispositifs anti-fake news ou des décodages qui ne décodent rien du tout. Tout cela n’est pas la hauteur de la situation.

 

  • Il est frappant, et pour tout dire très inquiétant, de mesurer le décalage entre les décideurs publics et les revendications citoyennes. La grève exceptionnelle des professeurs du secondaire fut un exemple parmi tant d’autres de l’incapacité structurelle de mener une politique concertée qui ne soit pas un passage en force permanent. A moins qu’il s’agisse d’une stratégie qui ne doit rien au hasard, une stratégie qui ne peut conduire à terme qu’à la défiance généralisée, à la logique du pire. Il est triste de voir un président de la République française sifflé un 14 juillet, il l’est tout autant de lire que cette situation inédite est circonscrite à quelques agitateurs « bruns-rouges ». Comment en est-on arrivé à une telle faiblesse dans l’analyse politique ? Oserais-je dire à une telle servilité ? Je le dis. Car c’est aussi de cela qu’il s’agit, un grand renoncement, une capitulation collective. De cela, le peuple est aussi responsable. On ne peut pas décemment accuser des politiques que l’on met au pouvoir, dans un état de somnambulisme avancé, de mener la politique – ou l’absence de politique – qui figurait en haut de leur programme. Nous avons aussi les gouvernants que nous méritons. Certes les moyens pour tordre et orienter l’opinion publique sont puissants, inédits, mais ils nous renvoient à notre responsabilité de citoyens. Libre à nous de ne pas vouloir vivre dans le village de Pinocchio.

 

  • Une résistance de la République s’impose donc, une nouvelle forme d’exigence qui devra en passer par toutes les bonnes volontés. Les insultes envers le corps professoral, la vulgarité de toutes ces grandes gueules qui s’autorisent, pour avoir un micro sous la bouche, à ne pas penser est une infamie dont il faut avoir pleinement conscience. Les propos d’un guignol à écharpe rouge envers les chômeurs sont une honte. Les jugements à l’emporte-pièce sur des hommes et des femmes en jaune qui se sont engagés toute une année pour réveiller la conscience politique de leurs concitoyens sont souvent misérables. Tous ces surgeons du spectacle ne méritent pas la France. Ne baissons pas la tête, faisons valoir des exigences pour le bien de tous et contre une poignée d’hommes et de femmes qui ne tirent pas la République française vers le haut.