BFMTV, petite variation sur la terreur

BFMTV, petite variation sur la terreur

  • BFMTV, une chaîne de merde – veuillez excuser mon langage grivois mais il existe en langue française des mots usuels pour désigner certains états de la matière décomposée – diffusa pour la première fois à la fin de l’année 2005. Plus de trois siècles avant, Descartes commence son Discours de la méthode par ceci : « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». Le bon sens autrement dit les lumières naturelles. C’est peut-être pour cette raison, dans un monde qui en compte de moins en moins (à l’exception des bougies en fin d’année) qu’il était de première nécessité, en ce début de siècle, de pourrir massivement les esprits. BFMTV ou le pourrissement du bon sens 24h/24h, 7j/7, partout en France

 

  • La machine à javelliser la jugeote, présentée par une équipe de Playmobil, diffuse en continu son matraquage sonore. Du Kebab de Saumur au PMU de Lons-le-Saunier en passant par le Royal Burger d’Aurillac, vous pourrez, à toute heure, remplir votre âme des immondices stroboscopiques mais planétaires du clip de la chaîne qui revient à intervalles réguliers. Une fois cet odieux  supplice passé (il revient tous les quart d’heures, rassurez-vous), deux poupées de cire, l’une mâle, l’autre femelle, vous guideront dans votre sidération cathodique. Des bandeaux latéraux permettent aux débiles légers de suivre le fil de l’info. La chaîne d’Etat laisse parfois la place à un gueulant encadré par un cardon sanitaire de trois spécialistes de rien du tout aux rictus figés. Deux formules rituelles annoncent et clôturent ce droit de parole : démocratie et extrêmes.

 

  • En ces lieux désertés par la saine intelligence, commune à tous avant d’être massacrée au début du siècle par de telles offres télévisuelles en bouquets, inutile d’exercer votre sens critique. C’est à prendre ou à laisser. Soit vous fuyez, soit vous vous abrutissez. Principe du tiers exclu des chaînes d’info. Tout est à prendre ou à jeter. Soit vous avalez le cacheton, soit vous le jetez à la poubelle. C’est comme cela que commence la terreur.