Le love de l’humanité mondiale
Humanity should be our race. Love should be our religion.
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- Le racialisme du love épouse à la perfection le marché mondial de la consommation indifférenciée. Un jugement de valeur ? Le racialisme du love vous en dispense pour le bien de l’humanité. Regardez ces enfants. N’avez-vous pas honte de vous dresser les uns contre les autres ? Une religion : le love. Une seule race : l’humanité. Une civilisation : la mondiale. Cela donne bien sûr, en mettant tout cela bout à bout : le love de l’humanité mondiale. La solution était pourtant simple, à portée d’une main d’enfant. Open your mind, voyez plus grand et remplissez vos couches.
- Ces mises en scène régressives, destinées à un public abruti de bons sentiments, de gif de chatons et de câlins virtuels, ne sont pas faites pour être pensées. Qu’est-ce qui d’ailleurs aujourd’hui est mondialement produit pour être pensé ? L’attaque ultime sera portée contre nos capacités à élaborer, à partir d’un jugement critique et raisonné, des représentations symboliques qui nous mettent à distance de la fusion avec le placenta originel, la glaire organique initiale, la matrice dont on sort par le logos. L’enfant est le terminus ad quem et ad quo du love de l’humanité mondiale. Incapable de juger, il est le consommateur parfait, le non sujet politique par excellence, l’être de la désymbolisation consommée. C’est pour cela qu’il triomphe.
- Les conséquences de cette monstrueuse régression anthropologique, d’autant plus implacables qu’elles ne peuvent plus être pensées, réduiront l’homme au statut d’éternel passif. Comme l’enfant en bas âge qui ne comprend pas ce qui lui arrive, il pleurera souvent, fera des colères parfois, s’attendrira devant des gif de chats. Cette substance affectable, connectée des oreilles à l’anus, fera du love comme elle chiera dans ses couches virtuelles. Plus de religion, plus de politique, plus d’athéisme, plus de conflits de valeurs mais une religion unique, le love, saccagée aléatoirement par le terrorisme, son envers, cette abomination planétaire que tout le monde se devra de combattre mais sans savoir comment faire, sans quitter le love.
- Moins il y aura d’hommes et de femmes pris de nausée anthropologique en face du love de l’humanité mondiale, plus il y aura de désarmés en face de ce napalm, moins nous aurons de chance d’échapper au collapse final, celui qui nous invaginera à rebours, faisant de chaque homme le fœtus qu’il a été. Ceux qui ne veulent plus être des sujets politiques, c’est-à-dire des sujets conflictuels, écrasent en nombre les nauséeux. Ils repandent leurs petits cœurs partout, avec ou sans voile, avec ou sans religion, la couche pleine de merde bonne et gentille, tous en train de converger vers le marché planétaire de la bouillasse du love. Il va de soi que ce sirop tendra vers le plus petit degré d’énergie, le néant de différence de potentielle, le niveau zéro de la substance excitable écrivait Freud dans Au-delà du principe de plaisir : la mort civilisationnelle pour tous.