Le front républicain de trop
- Je ne voterai pas le 7 mai. Le pire n’est jamais exclu ? C’est tout à fait vrai.
- Si on m’avait dit, en 2002, à la sortie de l’isoloir, que je devrais, quinze ans après, voter pour une baudruche montée de toutes pièces par une presse aux ordres pour faire barrage à la fille de Jean-Marie Le Pen, je serais certainement aller chercher à la hache mon bulletin Chirac dans l’urne.
- Si on m’avait dit, en 2002, que les Etats-Unis allaient envahir l’Irak sur des preuves frauduleuses, dévaster toute une région du monde, mais que je devrais tout de même choisir, contre le Mal, le pantin de Jacques Attali, grand manitou du gouvernement mondial, je serais aller chercher en hurlant mon bulletin Chirac dans l’urne.
- Si on m’avait dit, en 2002, qu’une crise financière allait ruiner, par la cupidité de super millionnaires, des millions d’hommes et de femmes, que l’on allait ensuite renflouer les responsables avec de l’argent public, mais que je devrais tout de même donner ma voix, contre le Mal, à un énarque financier, je serais aller chercher à grands coups de tatanes mon bulletin Chirac dans l’urne.
- Si on m’avait dit, en 2002, que l’école publique distribuerait des flyers expliquant aux élèves, dans un langage de boîte de com, qu’ils pourront désormais avoir le bac en six ans, mais que je devrais faire élire, contre le Mal, un pur produit de la com, je serais aller chercher à la masse d’arme mon bulletin Chirac dans l’urne.
- Si on m’avait dit, en 2002, que la politique serait réduite à une émission de téléréalité abrutissante, que des helpers outsiders marcheurs gonfleraient dans ce vide abyssal, mais que je devrais tout même voter, contre le Mal, pour leur super manager télé évangéliste, je serais aller chercher à la scie sauteuse mon bulletin Chirac dans l’urne.
- Si on m’avait dit, en 2002, que le paysage politique français se résumerait à marcher au centre avec une armée de communicants faisant la promotion du meilleur des mondes pour faire barrage au Mal, je serais aller chercher avec de gros parpaings mon bulletin Chirac dans l’urne.
- Si on m’avait dit enfin, en 2002, que je serais réduit à gueuler ma colère sur un site internet personnel tant le niveau intellectuel de la presse nationale et de l’édition recule aussi vite que la mer monte, je ne m’en serais peut-être jamais remis.
HB