François Fillon, discours de La Baule sur la loi travail

François Fillon, discours de La Baule sur la loi travail

a-la-baule-fillon-s-en-prend-a-hollande-et-a-sarkozy1Extrait du discours de la Baule

  • « Un ouvrier vit en moyenne 6 ans de moins qu’un cadre – à cet écart il convient d’ajouter la durée de vie valide. Autrement dit, avec un âge de départ à la retraite à 62 ans, un cadre profitera de sa retraite pendant 20 ans contre 14 pour un ouvrier, et il en profitera mieux.

  • Afin de répondre à cette injustice manifeste, je propose qu’un cadre soit contraint par la loi, un jour par semaine, d’effectuer le travail d’un ouvrier pendant que ce dernier se repose. En un an, il travaillera  en tant qu’ouvrier un mois et demi. Sur une carrière complète cela représentera approximativement cinq ans de travail. Les six ans d’écart seront ainsi réduits : cinq ans de repos pour l’ouvrier, cinq ans de travail ouvrier pour le cadre.
  • En début de carrière, chaque cadre pourra choisir son travail complémentaire hebdomadaire ouvrier afin de se spécialiser. J’envisage un système de formation par parrainage : chaque ouvrier parrainera un cadre pour sa formation. Prenons un professeur. Une fois par semaine, il sera caissier pendant que le caissier se reposera. Afin de ne pas augmenter sa charge totale de travail, il aura moins d’élèves. Une fois par semaine en effet, les lycéens auront l’occasion de participer à divers travaux d’intérêt général, ce qui décuplera en retour leur volonté d’apprendre quelque chose les quatre jours restants. Ce surcroît de motivation compassera largement la perte d’une journée de classe par semaine. Le cadre dirigeant, organisateur, manageur etc. se verra allégé des tâches qui ne demandent aucune compétence spécifique et qui, cumulées sur une semaine ouvrable, excèdent très largement une journée de présence. Ces tâches dites de « représentation » pourront être confiées à des chômeurs longue durée ou à des étudiants précaires. 
  • La cadre-éboueur verra sûrement le problème des retraites d’un autre œil, tout comme le cadre-caissier ou le cadre-maçon. Il va de soi que cette réforme touchera aussi les parlementaires. Le parlementaire fraiseur aura ainsi l’occasion de préciser en situation ce qu’il convient d’entendre en droit par la formule « pénibilité du travail. » Notons qu’en dépit de la diminution annoncée du nombre de fraiseurs, il en restera toujours plus que des parlementaires ce qui pérennisera la possibilité d’un parrainage durable. Etant donné que dans un Etat de droit nul n’est au-dessus des lois, le président aura lui aussi à choisir la nature de sa spécialité hebdomadaire. Je serai moi-même président-standardiste à la CAF pour plus de discrétion.
  • Il est vrai, ma réforme est ambitieuse. Mais ne mesure-t-on pas la force et le courage d’un gouvernement à l’ambition de ses réformes ? N’en doutons pas, les objections seront nombreuses. D’aucuns crieront au scandale, à la non concertation des partenaires économiques, au mépris du patronat, à la négation de la liberté individuelle d’entrependre. En cas de difficultés, le recours au 49.3 me permettra de faire passer la loi sans autres discussions. Les blocages de cadres derrière un tas de machines à café ou un stock d’Iphone déversé sur la voie publique n’arrêteront pas une réforme juste. Et que ceux qui refusent leur service ouvrier hebdomadaire ne viennent pas se plaindre. La justice et l’équité sociale sont aussi à ce prix.
  • Comment accepter en effet plus longtemps que des minorités de cadres empêchent l’avènement d’une société plus juste, pénalisent durablement les générations futures de caissiers et de standardistes en faisant passer leurs intérêts corporatistes avant l’intérêt supérieur de la nation ? Comment accepter que des ouvriers invalides cotisent plus longtemps pour des cadres en bonne santé ? Comment accepter enfin de vivre dans un Etat au sein duquel des hommes et des femmes pensent qu’il est légitime que ceux qui ramassent leur merde aient aussi une retraite plus courte ? Désormais, la Baule est dans votre camp. »  

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