Overdose religieuse

Overdose religieuse

 

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  • Au nom d’un pneuma suressentiel, d’un souffle divin, d’une fumée blanchâtre, voilà que l’absolu se met à parler, que la vérité prend corps. Dans un silence nimbé de tolérance, le prêtre, l’imam, le rabbin pondèrent leur vérité, debout sur le petit tabouret du divin. Prends garde à tes mots si tu croises le chrétien démocrate, le musulman modéré, le juif universaliste, car c’est aussi à Dieu que tu t’adresses. Pèse bien ton phrasé, calibre au plus juste ta satire, évite de blesser, par impudeur, le grand caché. De deux, nous sommes déjà trois. Avec eux, je voudrais pourtant me retrouver seul. Mais ils ont depuis belle lurette rempli le mystère, bourré les silences du duel de leur invisible. Ils sont le plus proche et le plus lointain : l’insatisfaction qui, à deux doigts d’aboutir sur le rien qui nous rassemble, se gonfle en certitudes et nous éloigne. Ils te diront que sur leur expérience de l’invisible tu n’as pas à statuer, et ils font bien. Qu’ils se gardent alors de faire de toi un “nihiliste” car ce qui vaut pour le deus vaut tout autant pour le nihil. Mais toute cette brocante divine, on le sait de longue date, prend tout son sérieux lorsque l’affaire devient politique, et elle le devient dès que ton voisin te souffle de son divin pneuma l’endroit le plus juste où tu devrais, par bienséance, poser tes fesses.

  • Si le rabbin, le prêtre, l’imam me font chier, c’est très certainement par abus de langage car, avec ou sans eux, les choses de la matière s’écoulent librement sans concertation préalable des finalités suressentielles du grand caché. Librement ? Dès que le rabbin, l’imam, le prêtre se drapent dans l’ombre du pouvoir, la liberté crève à petit feu. C’est pourtant contre le cirque romain que les chrétiens ont fait de la place Saint-Pierre de Rome un autre cirque, bientôt transformé en cirque papal. Une liberté pour faire semblant, trop tôt politique. On se demande parfois ce qu’est le politique. Disons le tout net : de la politique en définition, on en a soupé. Du politique par contre nous n’en sortons jamais. Dire il faut tolérer le prêtre, le rabbin, l’imam, c’est ne rien dire ou plutôt dire que l’on a rien à dire. Martin Luther King n’employait pas le mot «tolérance» car c’est de politique dont il était question. Il s’agissait de pouvoir, d’oppression, de cynisme.

  • C’est à l’instant précis où l’imam, le prêtre, le rabbin prétendent instituer, sur les arcanes fumeuses de leurs invisibles, qu’il sera justement question de politique car il sera question de toi. Les multiples façons dont l’homme s’arrange avec l’homme contre l’homme, voilà ce qu’est le politique. Le démontage de ces arrangements, voilà ce qui pourrait tenir lieu de “critique politique”. Un peuple libre serait ingouvernable mais c’est toujours à un peuple de gouvernés auquel on pense spontanément. Les religions jouent aussi et essentiellement ce rôle, cimenter avec la truelle de l’invisible les masses humaines, une fois le philosophe tolérant à court d’arguments.

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