Que faire face à la dépolitisation ?

Que faire face à la dépolitisation ?

grève 17 décembre 2019

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  • L’élection d’Emmanuel Macron en 2017 nous a fait rentrer dans une nouvelle époque. Pour la première fois, un président de la République pouvait se proclamer ouvertement au-dessus des partis politiques, des clivages idéologiques et des lignes partisanes. Le sous-titre de son livre programme « Révolution » ne laissait aucun doute à ce sujet : réconcilier les français. Mais que faut-il entendre exactement derrière ce mot : réconcilier ? Réconcilier les français de quoi  ? En vue de quel projet ? Pour quelle société ? Contre quelles divisions ?

 

  • Pour faire marcher son équipe, le manager a besoin d’une entente pragmatique tournée vers le maître mot des young leaders : l’efficacité.  Être efficace, autrement dit écarter les freins, les blocages, les inerties et renvoyer à la sphère privée tout ce qui pourrait diviser les hommes, créer de la conflictualité. C’est cela la dépolitisation : l’élimination de la conflictualité publique. A partir du moment où vous arrivez à convaincre des masses que la conflictualité politique est le problème, que vous ringardisez la lutte politique et sociale en maitrisant les outils du divertissement intégral, vous n’avez même plus besoin de vous justifier. Vous écrasez sans vergogne, le sourire aux lèvres, de la cocaïne dans les naseaux et à l’eau plate en clignant de l’œil.

 

  • Peu importe qu’il y ait en face des intellectuels sérieux, des économistes lucides avec des critiques instruites, des étudiants résistants ou un peuple, qu’il soit jaune ou invisible, qui ne joue plus le jeu. Il suffira de terroriser cette petite minorité agissante par tous les moyens. Une police éloignée de sa mission première, soumise elle aussi à un management dur, servira de pare-feu. A partir de là, vous pouvez mettre à la tête des États des individus qui bafouillent en racontant n’importe quoi (Belloubet) à condition qu’ils s’accordent sur cette unique ligne : l’ennemi, ce qu’il faut abattre définitivement, c’est le politique. Vous pouvez faire désormais passer une ochlocratie de diversion tenue cyniquement par une clique pour la fine fleur de la démocratie contre les « extrêmes ». Toutes les logiques de luttes qui dépolitisent pour faire valoir des lobbies peuvent être, dans cette logique, des alliés objectifs. Tout se qui casse, émiette, démembre, pluralise le corps politique résistant est bon à prendre. Tout ce qui fédère, associe, constitue, rassemble le corps politique résistant doit être détruit. Une stratégie simple mais d’une efficacité implacable. Efficacité augmentée quand ces logiques opèrent à l’intérieur de nos rangs.

 

  • C’est à cela que nous assistons : une extermination du politique et son recouvrement par de la communication. Cette fameuse communication est le mot fourre-tout qui dissimule à lui seul un immense processus de reconditionnement de l’homme, une manipulation cognitive à grande échelle. Celle-ci repose en dernière instance sur une malversation profonde qui affecte les signes et par conséquent nos représentations mentales. Il est évident que derrière la dépolitisation se tient un projet anthropologique total qui échappe en grande partie aux lectures simplement économiques. Ce projet est évidemment incompatible avec toute exigence de probité. C’est aussi pour cette raison qu’un cheminot sur son piquet de grève en train  d’expliquer à un journaliste compilateur de dépêches la cohérence de sa position est autrement plus convaincant, pour ceux qui n’ont pas fait le choix de la démence et de la soumission, qu’un « communicant » au pouvoir qui raconte n’importe quoi sur la continuité du programme du CNR.

 

  • Cette situation est évidemment inédite. Elle est rendue possible par un effondrement de la pensée critique et politique. Non pas de l’intelligence. Le système éducatif produira les spin doctors dont il a besoin, avec le docteur Alexandre, un individu pathologique parmi tous ceux qui annoncent la suite. Des cognitifs purs connectés à des machines, hyper adaptés, des monstres de réactivité et de synthèse. L’école des parcours individualisés, des spécialisations précoces sera là pour la produire. Le reste servira de chair à ubériser. Des encodeurs, un des sobriquets du « président philosophe », seront là pour administrer le tout et maximiser les profits sur la bête, un œil sur le climat pour se planquer au bon moment avec l’argent qu’ils nous auront volé en faisant passer ce vol pour de la justice, du partage et une exigence d’universalité.

 

  • Incapables de recréer des forces imaginaires collectives, travaillés par une méfiance savamment entretenue des idéologies politiques, nous voilà en partie désarmés face à cette machine de guerre. Un collègue et ami me rappelait cette évidence : en face d’une machine de guerre qui dépolitise pour régner nous n’avons pas d’autres choix que de créer collectivement, c’est notre force, une autre machine de guerre, une machine à repolitiser les esprits. Les conditions économiques sont favorables à cette recréation. Le degré de malversation est tel que ce qui était encore hier de l’ordre de la fantaisie est aujourd’hui tristement réel.  La plus grande difficulté est d’engager le combat et cela à un coup, nous le savons. Il faut beaucoup d’abnégation et des sacrifices. Manu, parmi d’autres, le sait dans sa chair pour nous tous.

 

  • La question de nos adversaires est invariablement la même  : que mettez-vous en face ? Cette question n’a qu’un seul objectif, nous nasser dans leur bouillie de propositions factices sur fond de confiance usurpée. On ne demande pas à un homme qui se bat contre ceux qui veulent le détruire, économiquement, socialement, moralement, culturellement pourquoi il se bat. L’évidence saute aux yeux. La seule question est celle de la stratégie et du corps politique capable de la porter.

La clique LREM ou la déséducation politique nationale

La clique LREM ou la déséducation politique nationale

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  • Le meilleur allié du « macronisme » reste de loin l’abrutissement collectif et la dépolitisation de masse. L’inverse du faux projet du pseudo « président philosophe ». C’est sur cela que parie le gouvernement, les majorités silencieuses, inertes car assommées. Une anti-éducation politique en somme. Les 2000 n’ont plus aucune éducation critique et politique. Certains ont la rage. Ils servent, durant leurs études incertaines, les intérêts de Domino’s Pizza ou de Starbucks, tout en développant des formes de résistance inédites pendant que des croutons leur parlent à la TV.

 

  • Si j’étais Macron, mon cauchemar, j’augmenterais très vite le niveau d’abrutissement collectif. Nous assistons à une sorte de course de vitesse entre la démolition de la République sociale, l’abrutissement des masses et la prise de conscience. L’ochlocratie hanounesque Macron doit faire vite. Elle est en train de lambiner. Qui éduque le peuple ? Le éducateurs justement, ceux de la République que l’on maltraite (ce qui est parfaitement cohérent avec le projet d’ensemble) et la misère sociale. L’éducation hors sol forme la bourgeoisie ; la misère sociale met la rage. L’alliance des deux est révolutionnaire.

 

  • La question de l’éducation est centrale, elle l’a certainement toujours été. L’acte d’éduquer est politique. Le néo-libéralisme organise la destruction de l’éducation politique. C’est une stratégie de fond bien connue. La violence doit rester désarticulée, muette, anti-sociale. E. Philippe associe le conseil national de la résistance (CNR) à cette réforme odieuse, qui détruit la solidarité au profit de la misère individuelle car il sait que les médias de ses maîtres ne feront pas le travail critique qu’ils seraient supposés faire, que d’autres font, dans l’ombre des masses abruties.

 

  • Il s’agit bien d’un pari sur l’abrutissement qui se donne des airs pédagogiques, d’un renversement orwellien des mots, d’un viol intellectuel anti-éducatif. La communication sans contenu est d’une violence inouïe. C’est aussi pour répondre à cette violence que la grève s’installe. Personne ne peut accepter, dans un pays qui a une histoire politique profonde, un tel niveau de malversation intellectuelle au plus haut sommet de l’État. C’est tout simplement impossible. Il ne s’agit même plus d’un problème « politique » mais d’une question civilisationnelle.

 

  • Ceux qui ont encore une conscience critique et politique ne peuvent se coucher devant des gens qui déforment l’histoire (CNR), qui plient le langage dans un odieux cynisme. Il ne s’agit plus d’ironiser sur ces malversations, mais d’engager un redoutable combat politique. Le combat est d’autant plus redoutable qu’il n’est pas exclusivement « politique ». C’est aussi pour cela que nous avons tant de mal. Il engage nos forces mentales. C’est une épreuve de la volonté qui réclame une force d’âme pour résister à ceux qui veulent abrutir pour régner.

 

  • Pour mener un tel combat, le matérialisme vulgaire ne suffit pas. Qu’importe de savoir si je suis né en 1975, en 1974, en 1973 ou un jour de décembre. Cette sucrette n’est d’aucun effet. Nous la pulvérisons avec les dents. Les enjeux sont ailleurs. Le piège tendu par le capital à la République sociale n’est pas fatal. L’issue du combat, par contre,  le sera.

 

Grève et solidarité. La petite bourgeoisie enseignante est-elle républicaine ?

Grève et solidarité. La petite bourgeoisie enseignante est-elle républicaine ?

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  • Les professeurs qui obtiendront ne serait-ce que 30 euros par mois (30 deniers ?) les devront à ceux qui ont perdu plusieurs jours de salaires, des mères professeurs des écoles, célibataires, avec des petits salaires qui se battent et qui auront, avec cette réforme, des pensions de retraite misérables.  Ils peuvent déjà envoyer leur RIB.

 

  • Il existe une petite bourgeoisie enseignante pour qui le mot caisse de grève est inaudible. C’est à elle que le ministère s’adresse avec ses primes et la transformation profonde du lien qui relie les professeurs à la République et à l’intérêt général. Une armée de mercenaires payés à la tâche, en concurrence les uns avec les autres, est-ce cela que nous voulons pour l’école ? La petite bourgeoisie enseignante a intériorisé les logiques d’individualisation et reste étrangère au conflit social mais commence à prendre conscience des conséquences, pour elle, de ce modèle.  Elle a beaucoup de mal avec la solidarité. Cela peut changer ou pas.

 

  • Cette petite bourgeoisie enseignante a aussi contribué à dépolitiser les luttes. Absorbée dans des couches moyennes, elle a aussi voté Emmanuel Macron. Elle peut certes le regretter, cela ne mange pas de pudding. Elle est trop souvent prête à enseigner n’importe quoi n’importe comment pourvu qu’elle s’en sorte individuellement. Mais pour la petite bourgeoisie enseignante, la logique dévastatrice du gouvernement Macron est un test politique ultime. De quel côté va-t-elle se situer ? Du côté de la grande bourgeoisie et des parvenus adaptés du libéralisme qui ne feront jamais grève et qui méprisent de plus en plus ouvertement les professeurs avec la complaisance de faiseurs d’opinion qui sont aux-mêmes des surgeons du spectacle ou du côté des ouvriers, des salariés pauvres, des gilets jaunes, tiens, pourquoi pas ?

 

  • Macronisée malgré elle, la petite bourgeoisie enseignante se trouve aujourd’hui tiraillée entre son déclassement social et économique et son incapacité structurelle à se penser politiquement dans une conflictualité réelle. Il n’y a pas de conflictualité réelle sans solidarité (caisse de grève par exemple). Seul, il n’y a pas de conflictualité réelle du tout. Des rodomontades mais pas de politique. Une consommation culturelle de produits adoubés par le spectacle mais pas de politique. Une participation active à l’encadrement des masses mais plus de politique.

 

  • C’est dans l’adversité politique que l’on mesure la solidarité des personnels pas en triant des bouchons pour « sauver la planète » avec  les élèves. Cette solidarité des personnels suppose une conscience politique qui ne peut être que celle de l’affrontement politique sur fond de conflit social, un conflit qui va très au-delà des intérêts particuliers, qui engage le bien public, l’intérêt général et en définitive l’intérêt supérieur de la nation. Non pas cette République usurpée, celle de Macron, mais une République sociale, politique, celle qui ne cède rien aux exigences de justice et d’égalité.

 

  • La solidarité de la petite bourgeoisie enseignante est faible mais elle est aujourd’hui durement testée, mise à l’épreuve. Cette petite bourgeoisie enseignante n’est pas et ne sera plus la bonne élève du néo-libéralisme car elle est liée aux intérêts supérieurs de la République. Il y a là contradiction. Les valeurs de la République, en pratique, sont aujourd’hui attaquées de toutes parts. Par valeurs, il faut bien sûr entendre la mise en pratique d’une exigence sociale qui ne se réduit pas à quelques slogans sur la laïcité. A moins que la laïcité, la laïque de Jaurès, soit sérieusement pensée comme une exigence sociale indissociable des luttes pour la justice et l’égalité politique.

 

  • La seule question à se poser pour elle est donc la suivante : est-elle petite bourgeoise avant d’être républicaine ou est-elle républicaine avant d’être petite bourgeoise ? Bourgeoise, elle ne le sera plus. C’est une forme de deuil fantasmatique. La révolution libertaire libérale lui avait pourtant fait miroiter cette promotion de classe. Forte de son capital culturel, son seul capital, elle pouvait accéder à un confort tout en secondant la bourgeoisie du capital, de la rente, de l’héritage en faisant ses bons achats à la FNAC. A elle les métiers de l’animation, de la culture et le professorat comme promotion sociale. Nous avons là une partie de l’histoire de la trahison de la gauche sociale et authentiquement républicaine sur laquelle nous n’avons plus à revenir tellement le sujet est tristement connu.

 

  • Fort de ce constat, soit la petite bourgeoisie enseignante continue de seconder la grande bourgeoisie et les parvenus du libéralisme – ce qu’on lui demande de faire aujourd’hui à coups de primes et de triques – soit elle s’en détourne pour des raisons de classes. Dans le premier cas, elle devra s’asseoir sur ses dernières illusions républicaines et admettre qu’elle n’est, au fond, que le bras armé cognitif et docile d’une mise au pas qui n’a plus rien de républicaine, les agents actifs d’un ordo-libéralisme de combat qui détruit aussi bien le droit du travail que la solidarité nationale.

 

  • Elle forme pourtant une classe républicaine. Nombreux sont les professeurs nés dans les années 80 et après à avoir compris cela. Ils appellent « boomers » (terme à préciser politiquement) cette petite bourgeoisie anti-républicaine socialement. Ils ont en partie raison. En partie seulement, car les jeunes professeurs de cette classe moyenne, à moins d’avoir fait un travail politique sur eux-mêmes, sont tout aussi dépolitisés que les parvenus adaptés du libéralisme. Heureusement, qu’il reste quelques « anciens » pour rappeler cette triste évidence.
  • Pour conclure, qu’est-ce qu’un professeur : un animateur au service d’une classe réellement possédante qui le méprise ou un éducateur de la République, proche des ouvriers, des travailleurs salariés qui ne seront jamais petits bourgeois. C’est ce qui est en jeu. Cette question suppose de se situer. Ce n’est évidemment pas une question d’école, une question scolastique, ces questions que les professeurs savent manipuler dans un sens et dans l’autre à défaut de toute pratique. Elle appelle à un engagement. Non pas théorique mais à un engagement concrètement déterminé par le salaire, autrement dit le travail et la production. C’est justement ici que les petits animateurs culturels, ceux qui ont aussi fait le macronisme, ne nous sont d’aucun secours. Pratiquement, leur salaire dépend de la docilité dont il font preuve vis-à-vis de la bourgeoisie adossée au capital qui les paie grassement. Ce n’est pas le cas des professeurs de la République pour une écrasante majorité d’entre eux. Ils le savent et c’est aussi pour cette raison que vous n’entendrez pas parler de caisse de grève et d’AG du personnel entre deux jingles culture.

 

  • Il semblerait, au regard du mouvement en cours, qu’une partie de la petite bourgeoisie enseignante soit aujourd’hui en mesure de  choisir le conflit politique plutôt que la servitude culturelle. Le retour de la lutte des classes à l’intérieur du champ de la culture est une très bonne nouvelle même si les conditions de ce retour restent théoriquement indécidables. La pratique tranchera. Elle tranche toujours. Comme le rappelait Engels, the proof of the pudding is in the eating (Préface à l’édition anglaise de Socialisme utopique et socialisme scientifique, 1892). La preuve de la conflictualité politique est dans la solidarité.

 

 

 

 

Les vampires de l’intérêt général – Grève le 10 décembre 2019

Les vampires de l’intérêt général

Grève le 10 décembre 2019.

 

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  • Afin de mesurer la détermination des citoyens français vis-à-vis d’une réforme inique pour tous, des avocats aux professeurs, des salariés du privé aux soignants du public, des pompiers aux travailleurs précaires, la journée du 10 décembre 2019 s’annonce décisive. Sans parler des chômeurs durement frappés par un durcissement punitif qui jettera dans la rue des milliers d’entre eux. Elle permettra de mesurer la volonté d’une France qui a compris dans quelle impasse nous étions engagés avec ce gouvernement rétrograde qui n’a de progressiste que son étiquette publicitaire photoshopée (le jargon que voulez-vous) aujourd’hui décollée.

 

  • Le 5 décembre 2019, Benjamin Griveaux, saltimbanque d’une vacuité qui pourrait être artistique si elle n’engageait pas aussi la collectivité nationale, prenait la pause à Paris en faisant la promotion d’une application pour survivre lors d’une grève. Tréteau, thermos de café et QR-code pour entrer gaiement dans un monde aussi abruti sur les moyens qu’inique sur les fins. Pendant ce temps, le rhinocéros du vide, Sibeth Ndiaye, ce moulin à rata dénué de toute probité, saturait les médias de la désinformation collective en expliquant à des journalistes de rien qu’un système toujours plus individualiste allait dans le sens de plus de justice sociale. Si ma tante en avait… Les yeux ahuris par l’hélium dont ils gonflent leurs ballons de com, ces nouveaux bœufs de la politique dépolitisée, grands bourgeois qui se piquent de parler Kebabs pour se rallier un peuple qu’ils méprisent, sont chaque jour passant toujours plus inaudibles.

 

  • La défense du service public, car il s’agit bien de cela, et avec lui de l’intérêt supérieur de la nation, est un combat fondamental pour résister à cette vague rétrograde et autoritariste qui nous mènera politiquement au pire. Thatcher-Macron le vieux croit acheter le peuple avec trois bouts de ficelle, il se trompe lourdement. La France n’est pas l’Angleterre. Ou plutôt devrait-elle s’inspirer de ce qui se passe outre-manche pour continuer d’être la France. En effet, les privatisations massives des années Thatcher conduisent aujourd’hui les anglais à renationaliser des secteurs stratégiques comme les prisons (c’est le cas à Birmingham) ou le rail (Londres-Édimbourg).

 

  • Si nous lui accordons une lichette de bonne foi, Macron n’a rien compris à la logique de nos sociétés. En rehaussant le cynisme à sa hauteur, ce qui est plus lucide, nous dirions plutôt qu’il a compris que le coup de grâce contre l’État social ne pouvait plus attendre quitte à vendre à des escrocs comme ce fut le cas à Toulouse pour l’aéroport de Blagnac. Ne sous-estimons pas en effet l’amateurisme imbécile d’individus validés qui se prennent pour des éclaireurs dans des boudoirs sans fenêtres. Sans parler de la FDJ, ancienne loterie nationale, créée en 1933 par décret pour venir en aide aux blessés de guerre et aux victimes de calamités agricoles.  Les mêmes victimes du glyphosate ou les citoyens éborgnés au LBD40 s’en souviendront.

 

  • Au milieu de ce quinquennat catastrophique, sous les gaz et les tirs aléatoires de LBD40, dans un sommet de vacuité communicationnelle qui marquera l’époque, nous sommes entrés, le 5 décembre 2019, dans la mère des batailles contre le peuple. Une fois la liquidation faite, il sera en effet trop tard. N’oublions pas évidemment les prises de bénéfices massives sur des secteurs dont les marchés et les profits encore à faire sont colossaux. Le marché de l’éducation et du soin en particulier. Une fois l’industrie démantelée, le tissu économique vendu à la découpe, le vampirisme financier s’attaque, en toute logique, à la structure mère c’est-à-dire à ce qu’il reste : les services publics. Après, il ne restera évidemment plus rien mais les suceurs d’intérêt général et les bœufs de la com auront quitté la politique depuis longtemps les poches bien pleines. 

 

  • Le parti champignon LREM, né sur le terreau de la dépolitisation des quadras adaptés, des boomers et des parvenus du libéralisme, est un échec massif. C’est la généralisation de l’extension du domaine du conflit sans horizon politique. Ce parti élito-poujadiste abîme la France. Il cherche à éliminer toute forme de conflictualité politique pour imposer un ordre managérial hors sol et régressif socialement. Une conflictualité sans issue. La dépolitisation sert à empêcher la construction d’une opposition politique crédible. Le rééquilibrage des forces politiques est la seule solution pour restaurer la paix civile en France dans un contexte qui ne peut que s’aggraver.

 

  • Il va de soi que nous retrouverons les Sibeth et les Benjamin, ces vampires de l’intérêt général, dans des consortiums trans-nationaux, loin de la misère que leur politique de prédation aura grandement contribué à étendre. Pour toutes ces raisons, citoyens, le 10 décembre 2019, c’est la rue ou le tombeau de la République sociale. Au choix car j’ai cru comprendre que les « pro-choix » tenaient beaucoup à cette liberté du choix quand toutes les libertés politiques auront disparu.