Un collègue professeur de philosophie, le 29 juin 2019

Message envoyé par un professeur de philosophie, le 29 juin 2019

 

  • « A une majorité, nous avons pris la décision de faire grève le jour de la remise des notes. Cette action est purement symbolique puisque les délibérations se dérouleront comme prévu ou avec un jour de retard. Mais l’essentiel est de frapper les esprits quand on ne peut frapper rien d’autre. Notre métier est en train de changer dans des proportions vertigineuses : flicage, tâches administratives, contenus d’enseignement  pitoyables, autorité et liberté pédagogique bafouées, choix du profil d’enseignement par le chef d’établissement (place au copinage, au népotisme et au clientélisme), recrutement par contrat d’étudiants sous formés et corvéables, classes surchargées et indifférenciées et j’en passe. C’est l’effondrement de l’école de la République, méritocratique, exigeante et égalitaire. C’est l’intrusion brutale des méthodes de management néo-libérales dans une machine bureaucratique qui, historiquement et culturellement, voue une méfiance crasse à l’égard de toute expression de singularité et d’originalité en son sein. Les têtes creuses du formalisme pédagogique et du flicage administratif ont gagné la bataille. Nous voilà déconsidérés et marginalisés au sein même de l’institution que l’on sert et que l’on fait perdurer dans le même temps. »

J’ajoute que nous y perdrons tous, y compris les malins qui devront vivre dans une société où la bêtise collective nuira aussi à la jouissance stérile de leur indifférence individuelle.