Les nouveaux sauvages – 1er décembre 2018

Les nouveaux sauvages

1er décembre 2018

 

(Les nouveaux sauvages, film, 2014)

  • Le grand soir ? La grand réveil ? La Grande Belleza ? La grande révolution ? Le grand projet ? Non, le grand bordel. Intrusion du chaotique dans la planification aseptisée des automates de la croissance heureuse, des Playmobil de l’info collés à leur support plexiglas, des démocrates libéraux sur leur tabouret branlant, des économistes en cire, des zombo-adaptés, des dépressifs à la mode. Le grand bordel de l’homme qui déborde, qui gueule pour gueuler, car la vie veut la vie avant la mort et pas la dernière cafetière Nespresso. Misères de toutes les analyses, de toutes les réductions matérialistes, de toutes les synthèses pipolitiques, de toutes les récupérations. Potlatch mes amis !

 

  • Nous avons toutes les théories, toutes les analyses, toutes les leçons à tirer de l’histoire, rayonnages après rayonnages, à tous les formats et pour toutes les bourses. Le pouvoir d’achat ? Il en faut. Les loisirs ? Aussi. Du sexe ? A ta guise. De la qualité de vie ? C’est prévu. De la démocratie ? Nous sommes tous d’accord. De la mobilité ? Vas-y bouge de là. Mais vous n’expliquerez jamais le mal que nos sociétés techno-somnambuliques administrées par des hologrammes sont en train de faire à l’homme avec des breloques analytiques de ce type. Du cadre sup en rupture marche avec du prolo en gilet jaune, de l’étudiant excité vocifère avec de l’infirmière en colère, du prof scrupuleux avec du prof branlant et du pékin moyen avec du pékin encore plus moyen. Le bordel est comme la masse : irréductible.

 

Les modes d’administration déshumanisés sont en train de créer un homme chaotique, aussi instable que la nitroglycérine des westerns hollywoodiens.

 

  • Cet homme d’une modernité qui n’en finira plus de durer est capable de faire n’importe puisqu’on fait n’importe quoi de lui.  Filmez l’ensemble du tableau en direct à toutes heures du jour et de la nuit avec des petites caméras portatives et vous commencez à avoir une idée de la situation. Commentez en continu cette première prise d’images sur les écrans de la psycho-sphère nomade. Ajoutez enfin sur ce mélange explosif des politiques qui promettent pour seul horizon une amplification du délire que nous avons tous sous les yeux et vous y êtes presque. Comment voulez-vous sortir quelque chose de sensé de cette pâte folle ?

 

  • La seule chose à faire est de retarder au maximum l’inéluctable montée de l’extrémisation délirante de nos sociétés malades en faisant obstacle où l’on peut aux aveugles qui ne voient pas que nous avons très largement passé la limite acceptable. Qu’il est temps de freiner des quatre fers en envoyant par dessus bord tous les excités disruptifs, créatifs et innovants, cokés au rien et sous acides de vacuité, les Macron and co, tous ces accélérateurs de néant. Tout le reste en dépend.