Politique, globalisme ou barbarie
« Valls, Royal, Raffarin, NKM et Estrosi réunis par BHL contre le FN. Tous participeront à un «forum républicain contre l’abstention», qui se tiendra vendredi, entre 17 heures et minuit, et qui sera diffusé en direct dans une quinzaine de villes. »
« Pour BHL, il existe un «système mélencho-lepéniste» »
Figaro, 5 mai 2017
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- Profitons, mes amis, des ultimes soubresauts du front républicain car ce sera le dernier. Dimanche, 60 % des électeurs vont faire élire Emmanuel Macron par défaut. L’abstention, les votes blancs ou nuls atteindront un taux record pour un second tour et jamais, sous la cinquième République, le peuple n’aura été aussi hostile à celui qui est censé le représenter. Le chantage à la démocratie, à la République et à la liberté ne fonctionne plus. Le mal nommé front républicain est devenu la meilleure promotion de l’abstention et du rejet. Les concerts SOS racisme pour faire barrage au Front national se vident. Le journal Le Monde s’interroge gravement sur cette nouvelle insensibilité à la menace. Houellebecq reconnaît sur France télévision qu’il fait partie de l’élite mondialisée. C’est la fin.
- Des affinités hérétiques se forment pourtant sous le cadastre des poseurs d’étiquettes. Faites d’un alliage sans précédent historique, elles concernent tous ceux qui n’y croient plus, qui n’en veulent plus, qui en ont vu assez. Ces âmes perdues pour la grande cause mondialiste, croissantiste et progressiste se promènent, comme sorties d’un tableau de Goya, avec une tête riante. Elles font plutôt partie d’une classe intermédiaire qui ne souffre pas encore assez pour abdiquer son intelligence, trop pour s’en satisfaire. Elle ne votera ni pour Le Pen, ni pour Macron.
- Toute la question est de savoir si ces affinités hérétiques pourront demain constituer une force politique et peser. Si ce n’est pas le cas, il faudra se résoudre à voir émerger de la planification du chaos mondialisé un bipartisme inédit : celui du bien et celui de la bête. Les deux se nourriront sans fin. Dans ce combat voulu par les gagnants, subi par les perdants, nous abdiquerons progressivement nos dernières libertés pour sauver la démocratie, la République et la liberté. Nous n’aurons plus d’armes critiques car le langage du bien aura tout pris. Nous n’aurons plus de mots pour décrire ce qui nous arrive et plus assez de temps face aux menaces grandissantes de la bête. L’urgence sera partout, la réflexion nulle part.
- Il sera extrêmement difficile de constituer une telle force, entre le globalisme et la barbarie, car les têtes riantes qui n’y croient plus ne forment pas un groupe socialement homogène mais une classe de consciences éclatée, la classe de ceux qui n’en veulent plus. Cette classe de consciences, là encore, n’a pas de précédent historique mais c’est bien contre elle que les fronts républicains se dressent, c’est contre elle aussi que le parti du bien conspire. La bête n’est pas l’ennemi du globalisme mais son double nécessaire. Il la fera croître pour croître lui-même. Le véritable ennemi, cette élection nous le prouve de façon éclatante, reste la conscience politique.
- Peut-être malgré lui, Jean-Luc Mélenchon a réussi à fédérer l’embryon de cette force. Le verbe y est pour beaucoup. La culture française est capable d’en recréer. Pour combien de temps encore ? Mais cet embryon sera mort-né s’il n’est pas accompagné d’une critique lucide des logiques en cours. Ne rêvons pas et tirons aussi les leçons de l’histoire. Combien ont échoué au pied du mur? Combien se sont résignés devant l’ampleur de la tâche ? Combien furent récupérés ? Combien ont baissé les bras ? Le mot de Nietzsche est pourtant connu : plus le désert croît, plus croît aussi ce qui sauve.