Les nouveaux contes drolatiques
La fisne esquipe de BFMTV
- Dans son prologue à ses sublimes Contes drolatiques, ce « livre de haulte digestion », écrit dans une langue rabelaisienne, superbement illustré en 1855 par le jeune Gustave Doré, qui trouva là de quoi se faire remarquer, Balzac sonne le rappel : « Soubvenez-vous aussy, criticques enraigez, halleboteurs de mots, harpyes qui guastez les intentions et inventions de ung chascun, que nous rions que enfans, et, à mesure que voyageons, le rire s’etainct et despérit comme l’huile de la lampe ». Par bonheur, tout au long du voyage, les occasions ne manquent point, au temps de Rabelais, de Balzac comme au nôtre, de trouver occasion à rire. Les pantagruélistes de tous siècles durent faire avec la matière de leur temps, incitant à lire plutôt la nuit que le jour. Ils avertissaient d’ailleurs les bons lecteurs, « goutteux trez-illustres et beuveurs trez-prétieux », de ne pas laisser ces livres aux pucelles de peur qu’ils ne prennent feu.
- Les ordres royaux de la Toison d’or, du Saint Esprit et de la Jarretière ont perdu, il est vrai, de leur superbe en se poudrant le nez sur les plateaux télé. A regret, les pucelles médiatiques sorties des couvents parisiens du journalisme, faute d’éducation, s’enflamment moins qu’un bois humide quand elles tombent par hasard sur une critique enjouée. Les joutes chevaleresques et les lippées d’ambroisie n’ont plus cours sur la place et les chattes choyées ne portent plus jupons. Le sexe est indifférent, seul compte le bruit des bouches dans les micros. Les chattes courtisées s’attablent et discutent ainsi de marchés ou d’épices dans des alcôves bleutées offertes à domicile et à toute heure au regard du chaland démocrate. Déchaussées de la cervelle jusqu’au talon, eut dit Balzac, elles se pâment entre elles sur l’avenir du monde et l’épaisseur de la dette publique. Elles se tiennent en lèche.
- La rusée linotte, femme celle-ci et moulin à rata de surcroît, est capable, paraît-il, de débiter des dauberies pendant des jours en continu sans respirer. La diabolique prouesse que voilà. C’est du moins ce qui se dit en Touraine et Bourgogne. Cette vilaine ribaude médiatique, entourée de ses trois galants à collerette, règne, toujours selon les dires, sur le marché de l’info, une place forte qui concurrence pour l’étonnement toutes les richesses du ciel et de la terre, du guano à la taupinière. Des bohémiens voleurs de reliques de vierges, appelés « extrêmes » par cette quadrille de connétables, font courir le bruit, dans les culs de basse-fosse, que ces chattes vernies peuvent discourir trois jours par la bouche sur les intentions qu’aurait le fion de briguer encore présidence. Cette prouesse des orfices, si elle est avérée, devrait courir d’auberges en auberges jusqu’à la Palestine.
- Hélas, nous ne disposons pas, pour illustrer le boudoir de cette fine équipe, de crayonneurs aussi talentueux que le sire Doré. Nous devrons nous contenter, bassesse de l’époque, d’une piètre capture d’écran qui élève moins l’esprit vers les hauteurs du beau que le rebond d’une couille sur un trampoline. La faute au progrès, jactent dans les bouges populaires, chicaneux, acrobates et réactionnâtres. Il faut dire qu’il n’est pas aisé de trouver ici ou là des braillards mélancoliques prêts à croquer pour le geste ces nouveaux seigneurs. Le travail gracieux de l’esprit ne fait plus recette, m’a t’on dit récemment. Voici donc la chose cueillie à la volée. Vous reconnaîtrez, en haut à gauche, la michtonneuse de dauberies politiques à son costume fuchsia. Mille excuses bonnes gens pour le rendu.