Quand Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, s’affichait dans le premier numéro de Lui.

Quand Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, s’affichait dans le premier numéro de Lui.CVT_LUI-Le-Magazine-de-lHomme-Moderne-N-1-Septembre-_1955

  • Jamais les politiques n’auront été médiatiquement aussi présents ; rarement la politique n’aura connu un tel désaveu. Que faisait exactement un ministre de l’intérieur, alias Manuel Valls, bravache et poseur, devant un parterre de flashs crépitants,  lorsqu’il expliquait sereinement que Desproges était meilleur que Dieudonné, qu’il y a le bon et le mauvais rire, l’humour acceptable et l’humour inacceptable? « Les juifs sont allés dans les camps parce que c’était gratuit ». Ce trait est de Desproges. La période n’était pas la même, la caisse de résonnance n’avait pas la même amplitude et ne se mesurait pas encore en nombre de clics sur Internet. Le public devait être aussi plus policé. Nous devons faire aujourd’hui avec un surcroît de violence et de vulgarité. Les temps changent.
  • Pour quelle raison, face à un tel mélange des genres, faudrait-il blâmer celui qui pousse le mélange un cran plus loin ? Repensons, dans l’amnésie générale, à Najat Vallaud-Belkacem, aujourd’hui ministre confirmée de l’Education nationale et du supérieur, photographiée dans le premier numéro de Lui, ce nouveau mensuel pubard-mondano-cul, sur un fauteuil en osier façon « Emmanuelle ». La chose glacée recuite de Frédéric Beigbeder. Le titre de l’interview : « Comment j’ai attrapé Najat Vallaud-Belkacem ». Non pas « comment j’ai mis une quenelle à Najat Vallaud-Belkacem », inaudible et insupportable. Le mauvais goût de la quenelle quand celle-ci n’est pas préparée avec les bons produits. Lui, par exemple, est un bon produit.
  • La grande bouillie, n’est-ce pas la nature même du spectacle qu’offre quotidiennement les politiques dans les médias ? Que signifie ce voyeurisme abruti entretenu par une presse sans idées et des médias compilateurs de scoops ? Où est la dignité dans tout cela, dignité de la fonction dans l’entretien de Najat Vallaud-Belkacem ? Dans cette photographie mondano-cul sur le fauteuil en osier façon « Emmanuelle » dans le nouveau Lui de Beigbeder & co ? Ce que certains appellent le Système pourrait être nommé plus justement carnaval ou orgie. Parade publicitaire obscène convient aussi. Et si le peuple mécontent n’exigeait pas, tout simplement, un peu plus de dignité chez ceux qui le représentent, moins de perversion et de narcissisme ? Loin de moi l’idée de faire du peuple une sorte de grand clinicien. Sa  responsabilité c’est son indifférence, son voyeurisme et sa paresse. Sa bêtise aussi. Ceux qui vendent leur cul devant lui finissent par fixer les grandes orientation de son éducation. Cohérence dite démocratique.
  • Dans quelle mesure cette logique carnavalesque, dans laquelle les petites perversions s’affichent et se répondent, est-elle encore compatible avec la possibilité d’un ordre politique quel qu’il soit ? Cette question est beaucoup plus sérieuse que la montée des tensions communautaires. Mieux, elle la conditionne en très grande partie. Le droit à la bêtise que certains revendiquent, le droit d’être con en somme, en passera forcément par une intolérance à l’égard de toutes les tentatives d’éclaircissement et de compréhension. L’effort de donner du sens, de construire un discours un peu cohérent, un logos écrivent les philosophes, est empêché, ridiculisé par avance. A quoi bon penser encore, tout ceci n’est qu’une vaste déconnade, un peu de cul pour détendre l’ambiance et donner du bonheur aux gens, nous rappellent les nouveaux démocrates. De gauche ? On s’en branle.

 

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