Le nanarchisme

Le nanarchisme

 

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  • La tolérance à l’égard de la connerie est une intolérance à l’égard de l’intelligence. Tout cela n’a rien à voir avec de la « censure », du « droit » ou de la « liberté d’expression ». Les propos les plus cons et les slogans les plus obscènes battent le haut du pavé. En « opposition », d’autres propos et d’autres slogans, toujours plus cons et toujours plus obscènes. La censure n’a pas de prise sur la connerie, le droit la manque, la liberté d’expression la charrie. Aucun parti politique, aucun dispositif, en l’état actuel des choses, ne répond à cette question : que faire de toute cette connerie ? Oublions, en guise d’exercice spirituel, la droite, la gauche, le haut, le bas, le religieux, l’athée, l’hédoniste, le curé, l’imam, le prêtre, le rabbin et son chat, la liberté, l’opinion, la censure, les urnes, la démocratie, encore le haut, toujours le bas, le milieu, le gauchiste, le droitard, le bobo, la pétasse, le queer, le résistif, l’insurrectionnel, le gender, le moderne, la presse, Internet, le papier et reposons la question  qui fait mouche : que fait-on de toute la connerie produite quotidiennement dans nos belles sociétés ?
  • Il existe un seuil en deçà duquel la thèse et l’antithèse, l’endroit et l’envers, le oui et le non se confondent : l’insondable abrutissement du pile répond à l’ahurissante idiotie du face, l’incurable débilité des uns excite l’inénarrable stupidité des autres. Toute tentative de discernement se heurte à la bouillie de l’indistinction. L’heure est au nanar. Conservant les vieilles oppositions, nous perdons de vue une idée simple : en deçà d’un certain seuil, les oppositions n’ont plus de sens. Reformulation du point Godwin : en deçà d’un seuil d’avachissement spirituel, la probabilité de tomber sur des oppositions inintelligibles  est égale à 1.
  • Nanar religieux contre nanar athée, nanar contre nanar, nanar avec Dieu, nanar sans Dieu. L’accoutumance au nanarchisme ne s’est pas faite en un jour. Dans sa logique de déploiement économique, le capitalisme est un nanarchisme, diffusion à flux tendus d’images, de slogans, toute une économie de signes complètement illogique et abrutissante. Guy Debord, atrabilaire ressentimenteux pour les inconséquents, décrit la condition de possibilité du nanarchisme avec précision dans ses Commentaires sur la société du spectacle, un illogisme qui élimine toute possibilité de réflexion : « Quand s’est répandu le respect de ce qui parle dans le spectacle, qui est censé être important, riche, prestigieux, qui est l’autorité même, la tendance se répand aussi parmi les spectateurs de vouloir être aussi illogiques que le spectacle, pour afficher un reflet individuel de cette autorité ».
  • Le nanarchisme, déclinable en politique, dans les arts, sur les questions religieuses, n’en est qu’à ses débuts. Doté d’un coefficient de rentabilité maximale et d’une efficacité planétaire absolue, il aura ses festivals, ses soulèvements et ses morts. Nanar à l’orange contre foi de nanar. La pseudo « guerre de civilisation » est un combat à somme nulle entre des nanars planétaires diffusés à toute heure sur les supports numérisés de l’amnésie collective. Les grosses vannes du nanarchisme n’en sont qu’à leur début. D’Aurora à Benghazi, le destin est le même : mort pour un nanar.
  • Le livre noir du nanarchisme reste à écrire.

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Publié le 16 septembre 2012 par bernat

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